Les effets de la respiration buccale sur la santé des dents et du sourire
Comprendre la respiration buccale : un réflexe aux conséquences sous-estimées
La respiration buccale, souvent perçue comme un simple automatisme ou une manière de « mieux respirer » en cas de nez bouché, peut avoir des effets profonds sur la santé bucco-dentaire. Si inspirer par la bouche est parfois nécessaire temporairement, une respiration buccale chronique peut engendrer de nombreuses complications, tant sur la santé des dents que sur l’esthétique du sourire.
Dans cet article, nous allons explorer de manière détaillée les impacts de la respiration buccale sur la santé dentaire, le développement maxillo-facial, le positionnement des dents et les solutions possibles pour y remédier.
Pourquoi certaines personnes respirent-elles par la bouche ?
La respiration normale se fait par le nez, un organe conçu pour filtrer, réchauffer et humidifier l’air inspiré. Toutefois, divers facteurs peuvent amener une personne à respirer principalement par la bouche :
- Obstruction nasale due à une déviation de la cloison nasale, polypes ou rhinites chroniques
- Allergies saisonnières ou environnementales
- Habitudes de petite enfance non corrigées
- Mauvaise posture linguale ou musculature faciale sous-développée
Si ces causes ne sont pas traitées, la respiration buccale devient une habitude permanente, souvent inconsciente.
Les effets de la respiration buccale sur la santé bucco-dentaire
Respirer par la bouche modifie drastiquement l’environnement buccal naturel. Certaines des conséquences les plus significatives incluent :
Sécheresse buccale et diminution de la salive
Le rôle de la salive est essentiel à la protection des tissus mous et des dents. Elle aide à neutraliser les acides, reminéraliser l’émail dentaire et combattre les bactéries. Lorsque vous respirez par la bouche, la salive s’évapore plus rapidement, menant progressivement à une bouche sèche.
Cette sécheresse facilite :
- La prolifération bactérienne
- Le développement de caries dentaires
- Les inflammations gingivales (gingivite)
- Une mauvaise haleine chronique (halitose)
Malocclusions dentaires et désalignement
La respiration buccale modifie également la pression exercée par la langue, les joues et les lèvres sur les arcades dentaires. Une langue positionnée trop basse (plutôt que sur le palais), combinée à une respiration orale, influence le développement osseux de la mâchoire. Le résultat ? Un déséquilibre entre la mâchoire supérieure et inférieure, souvent responsable de malocclusions.
Les types de malocclusions fréquemment associés sont :
- La supraclusion (overbite)
- Le prognathisme (mâchoire inférieure trop avancée)
- Les dents tordues ou qui se chevauchent
Alteration du sourire et de l’esthétique faciale
Chez les enfants, une respiration buccale non traitée peut altérer la croissance faciale. Le visage devient plus long, les narines peuvent sembler étroites, et l’ouverture buccale au repos (lèvres entrouvertes) devient la norme. Cette configuration est parfois qualifiée de « face longiligne ».
À l’âge adulte, ces modifications peuvent affecter l’esthétique du sourire :
- Lèvres desséchées et fendillées
- Dents plus visibles au repos
- Affaissement des muscles faciaux liés à une mauvaise posture de la mâchoire
Les liens entre respiration buccale et troubles du sommeil
Respirer par la bouche la nuit est souvent associé à des troubles du sommeil tels que l’apnée obstructive ou le ronflement. Une mauvaise oxygénation durant le sommeil engendre fatigue chronique, troubles de la concentration, et même des problèmes cardiovasculaires à long terme.
Chez l’enfant, ces troubles peuvent également se traduire par un déficit d’attention, des troubles de l’humeur ou un retard de croissance. Les dentistes, tout comme les ORL ou pédiatres, peuvent jouer un rôle central dans le dépistage précoce de ces troubles.
Comment identifier une respiration buccale chronique ?
Souvent, la personne concernée n’a pas conscience de sa respiration orale. Voici quelques indices qui doivent alerter :
- Ronflements nocturnes ou bouche ouverte pendant le sommeil
- Langue basse et bouche ouverte au repos
- Gingivites fréquentes malgré une bonne hygiène bucco-dentaire
- Mauvaise haleine persistante
- Visage long, narines étroites, dents mal alignées
Les dentistes peuvent observer ces signes lors d’un examen régulier et prescrire des investigations complémentaires si nécessaire (bilan ORL, orthodontique, ou myofonctionnel).
Solutions et traitements pour corriger la respiration buccale
Corriger une respiration buccale implique souvent une approche pluridisciplinaire associant le dentiste, l’ORL, l’orthodontiste et parfois un orthophoniste ou kinésithérapeute oro-facial. Le traitement dépendra de la cause sous-jacente, de l’âge du patient et de la sévérité du problème.
Rééducation myofonctionnelle
La rééducation des muscles oraux permet de corriger les dysfonctions de posture de la langue, des lèvres et de la mâchoire. Cette méthode est particulièrement efficace chez les enfants et les adolescents. Elle s’appuie sur des exercices simples, mais réguliers, pour replacer correctement la langue sur le palais et fermer la bouche au repos.
Traitement orthodontique
Chez les enfants et adolescents, un traitement orthodontique précoce peut élargir les arcades dentaires, améliorer la respiration nasale et corriger les malocclusions. Chez l’adulte, d’autres solutions comme les gouttières d’alignement peuvent aider à repositionner les dents tout en accompagnant un travail myofonctionnel.
Intervention ORL
Si une obstruction nasale est identifiée, une consultation ORL est nécessaire. Un traitement médical ou chirurgical (ex : septoplastie, ablation des végétations adénoïdes, traitement des allergies) peut restaurer la respiration nasale fonctionnelle.
Hygiène buccale renforcée
Pour minimiser les effets secondaires de la respiration orale sur les dents, une attention particulière à l’hygiène bucco-dentaire est recommandée :
- Utilisation de dentifrices reminéralisants au fluor
- Bain de bouche hydratant sans alcool (idéal pour les cas de xérostomie)
- Hydratation régulière et stimulation de la salive par mastication de chewing-gum sans sucre
Prévention : le rôle essentiel du dépistage précoce
Plus un problème de respiration buccale est pris en charge tôt, plus il sera facile à corriger avec des conséquences minimales. C’est pourquoi les visites régulières chez le dentiste dès l’enfance sont cruciales. Ces consultations permettent :
- D’observer la respiration de l’enfant au repos
- De vérifier la position de la langue et des lèvres
- De repérer précocement les troubles de croissance du visage et des arcades dentaires
Le dépistage d’une respiration buccale permet également d’éviter un cercle vicieux : mauvaise occlusion, respiration orale, bouche sèche, et caries à répétition. Un suivi régulier contribue directement à préserver un sourire sain et harmonieux.
En résumé, la respiration par la bouche n’est pas seulement un désagrément, elle agit directement sur la santé dentaire et l’apparence du visage. En comprenant mieux le phénomène et en intervenant suffisamment tôt, il est possible de préserver l’équilibre bucco-dentaire et d’offrir un sourire durablement éclatant.


